Lionel et Géraldine Labesque ont obtenu la condamnation de l’entrepreneur et de son assurance pour des malfaçons sur leur maison, bâtie à Messanges. Problème : les personnes en cause sont insolvables. Sud Ouest Solidarité invite à soutenir ce couple de Landais
Lionel et Géraldine Labesque semblent avoir franchi un cap. Comme si, après deux ans de combat, de nuits blanches, de déménagements à répétition, ils avaient réussi à retrouver un peu de paix intérieure :
« On a perdu tout espoir de revoir notre argent. Nous avons compris que notre situation allait être celle de beaucoup de monde. Et lorsque nous avons appris, il y a quelques jours, qu’au 15 septembre, les Français qui avaient fait travailler des entreprises de construction assurées chez Élite insurance allaient voir leurs contrats résiliés, nous nous sommes dit que les dommages engendrés allaient bien au-delà de notre cas particulier. On lance une cagnotte sur Internet, pour tenter de poursuivre le combat, mais on sait bien que ça ne suffira pas pour couvrir tous nos frais. Pourtant, nous voulons toujours vivre dans cette maison, que nous avons fait construire et que nous avons dû abandonner à six semaines de l’emménagement. »
Le couple et ses trois enfants ont, dans un premier temps, été victimes d’un entrepreneur palois plutôt indélicat. « Je suis originaire de Vieux-Boucau, explique Lionel Labesque. Nous avons acheté notre première maison en 2007 et nous l’avons vendue en 2018, car nous étions en train de faire construire la nouvelle, à Messanges. » Une habitation éco-conçue, avec des matériaux naturels 100 % recyclables. Moderne, spacieuse, cette maison, « c’était aussi le projet d’une vie. Mais le 8 mai 2018, nous avons découvert qu’il y avait un gros problème. »
Ce jour-là, les solives du plafond s’affaissent, et ce pour deux raisons, d’après le rapport d’expertise : d’une part, des sabots métalliques sont absents et les solives n’ont pas été posées « dans les règles de l’art ».
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Mais ce n’est pas tout. Sur le toit, plat et recouvert de gravier, le tonnage n’est pas le bon : 16 tonnes sont déposées en surcharge.
« Nous avons appris que nous ne faisions même pas partie des créanciers, dans le dossier de liquidation »
« Le lendemain, l’entrepreneur a voulu réparer, mais le plafond était affaissé. Nous avons fait appel à un expert, à nos frais, pour qu’il nous dise ce qu’il fallait faire. » Et sa réponse est sans appel : « Nous avons dû tout arrêter, c’était dangereux. Il a fallu prendre une mesure de sauvegarde. »
La maison va ainsi rester en l’état pendant deux ans, continuant de se dégrader au fil des intempéries. Sur les portes des chambres, les prénoms de leurs trois enfants étaient déjà inscrits. « Nous étions prêts à emménager. Nous avions bien entendu quitté notre ancien domicile, qui était vendu. »
Pendant les premiers mois de l’expertise judiciaire, la famille est partie vivre chez la mère de Lionel, à Vieux-Boucau. « En décembre 2019, le tribunal correctionnel de Dax nous a donné raison et a condamné l’entreprise et l’assurance du constructeur à nous dédommager de la destruction de la maison et de sa reconstruction, soit 506 000 euros. »
Sauf que, quelques jours avant l’audience, Lionel Labesque découvre que l’assureur du constructeur et du bureau d’études est mis en liquidation :
« L’assurance pour la garantie décennale, Elite insurance, active en France sur le principe de la libre prestation, était basée à Gibraltar, alors que sur les papiers, l’adresse était à Paris. Nous avons découvert que ces contrats, autorisés par la Banque de France à travailler sur le territoire, ne possèdent pas de fonds de recouvrement. »
Autrement dit, ni le constructeur, ni le maître d’œuvre n’est en mesure de rembourser. « Nous avons appris que nous ne faisions même pas partie des créanciers, dans le dossier de liquidation de la compagnie d’assurances. » Quant au constructeur, il a mis sa société « en sommeil », tout en poursuivant son activité à travers d’autres sociétés.
Depuis, la petite famille vit au gré des maisons qu’on lui prête, de celles à garder pendant les vacances, etc. « Nous travaillons tous les deux, nous gagnons correctement notre vie, mais nous ne sommes pas en capacité de rembourser un nouveau prêt pour faire les réparations et finir les travaux. Les banques ne veulent rien entendre pour nous aider. Nous avons juste pu décaler le prêt de quelques mois. » À cela sont venus s’ajouter les frais de justice, de traduction de documents, pour déjà plus de 30 000 euros à ce jour.
Lionel et Géraldine Labesque ont, depuis, essayé de contacter la Terre entière, de la préfète des Landes… à la présidence de la République, en passant par plusieurs élus locaux. « En quinze jours, nous avons recueilli 15 000 euros, grâce à notre cagnotte en ligne, c’est déjà énorme de voir la solidarité qui se met en place autour de nous. » En attendant le délibéré d’un nouveau jugement en appel de l’affaire, qui doit intervenir dans quelques jours mais qui ne devrait que confirmer l’insolvabilité des prévenus, Lionel et Géraldine poursuivent leur combat.